La Bourse du travail

La Bourse du Travail

Petite sœur du Complexe Municipal de la ville de Morcenx (1) construit avant et après la Seconde Guerre mondiale, j’ai été témoin de bien des événements et si mes murs pouvaient parler…

… ils raconteraient comment je suis née en 1935 de la volonté des élus d’alors de doter la commune d’une Bourse du travail. Avec mes bureaux, j’allais accueillir la caisse d’assurance du travail, puis le monde ouvrier dans son quotidien et dans ses luttes. Ma grande salle de réunion, disponible pour tous, m’a permis de participer à bien des manifestations : les rencontres des groupes politiques et les très nombreux témoignages d’une riche vie associative à Morcenx. Auparavant, je dois vous dire que j’ai d’abord partagé la vie des enfants de l’Après-guerre qui se souviennent d’un plafond encore soutenu par de gros étais en pin à peine équarri (histoire de la ville).

Porte de la bourse du travail

Porte classée de la Bourse du travail

Ma vocation première était d’être une Bourse du travail, un lieu où les ouvriers, en recherche d’embauche, venaient proposer leurs services aux négociants en bois, patrons d’usines et artisans… Il faut dire que c’était aussi la volonté du Conseil Municipal2, mené par Léon BROUSTE, que le syndicalisme naissant à Morcenx y trouve sa place. Dès 1938, des locaux étaient concédés à l’Union Départementale des Syndicats confédérés des Landes. J’y ai vu des hommes étonnants, comme Charles PRAT, prendre fait et cause pour les métayers et gemmeurs3 en lutte depuis les grandes grèves du début du XXe siècle et cela jusqu’en 1969. Comment oublier Gaston BIREMON4, mort à 32 ans lors du deuxième conflit mondial et dont la mémoire a enfin été réhabilitée.

J’ai vécu un autre combat lié à la fermeture de la Centrale thermique de Morcenx-Arjuzanx et la crainte de la perte d’emploi pour de nombreux salariés. Mais le pire était encore à venir avec les maladies liées à l’amiante : elles se sont très vite déclarées… et là, les syndicats CGT sont encore auprès des familles. Mais cette plaque-là, j’aurais préféré ne pas la voir.

Je suis fière d’être aujourd’hui dans mon rôle en accueillant la permanence de Pôle Emploi ou celles des Caisses d’allocations familiales (CPAM et MSA) et de la CARSAT.

J’avoue que ma vie est aussi remplie de rencontres joyeuses et de fêtes : j’ai vu passer presque toutes les associations de Morcenx. J’ai une grande salle qui permet d’accueillir leurs assemblées générales et leurs activités : on débat, on danse et même, on pique-nique !

Je vous attends, poussez la porte.

1 Claude LAROCHE (1994). Morcenx, la cité idéale - Le Festin n°14 juin 1994
2 Marc TARIS (1997). Lorsque fleurit le rose, Morcenx, une histoire locale de la continuité d'une politique socialiste de 1936 à 1996. 255 p. éd. Le Travailleur Landais, Mont-de-Marsan.
3 Jean-Jacques TAILLENTOU (2007). Un centenaire oublié : les révoltes résinières de 1907 en Marensin. Mémoire en Marensin, Bulletin N° 18
4 Association ‘Mémoire de la Résistance et du Génocide des Enfants Juifs dans les Landes’, éd. Maison des Associations J. Vincent, Mont-de-Marsan, 2012.